Delphine Ernotte reconduite à la tête de France Télévisions pour cinq ans
L'Arcom a annoncé mercredi 14 mai avoir renouvelé le mandat de Delphine Ernotte-Cunci à la présidence de France Télévisions. Ce troisième mandat, prévu jusqu'en 2030, s'ouvre dans un contexte de mutation numérique et de projet de réforme structurelle du service public audiovisuel.

Personne avant elle n'avait été désigné plus d'une fois à la tête du service public de l'audiovisuel. En poste depuis 2015, Delphine Ernotte fera un troisième mandat. C'est l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) qui a officialisé cette reconduction pour un troisième mandat de cinq ans comme présidente de France Télévisions, mercredi 14 mai, alors que la nomination officielle était plutôt attendue pour le 22 mai. "L'Autorité a fait le choix de privilégier la continuité à la tête du groupe, dans un contexte marqué par des incertitudes majeures", a souligné l'Arcom dans sa décision. "C'est un grand honneur qui m'est fait, je remercie l'Arcom de sa confiance" a déclaré Delphine Ernotte à l'AFP. Son nouveau mandat débutera le 22 août 2025.
Des auditions, quatre candidats, une favorite
La présidente sortante, favorite de la procédure de désignation gérée par l'Arcom, a été choisie face à trois autres candidats, Frédérique Dumas, Irène Grenet et Jean-Philippe Lefèvre. Auditionnés les 12 et 13 mai devant l'Arcom, les quatre finalistes avaient proposé différentes orientations pour l'avenir de France TV. Irène Grenet, ex-directrice adjointe de la régie pub du groupe, avait critiqué la hausse des coûts, notamment la masse salariale (+100 millions d'euros en 10 ans), et proposait notamment de supprimer la direction du numérique, de renforcer le budget de l'information, et refusait de briguer la tête d'une éventuelle holding.
Frédérique Dumas, productrice et ex-députée macroniste puis UDI, défendait de son côté une éditorialisation renforcée des chaînes, la création d'une plateforme France TV Plus, réclamait des audits internes et envisage un "pacte social". Enfin, Jean-Philippe Lefevre, ancien cadre de Public Sénat, avait mis sur la table un "plan Marshall" de l'accessibilité, la décentralisation de l'action du groupe via des partenariats locaux, la création d'un conseil citoyen doté de 100 millions d'euros sur cinq ans, et un renforcement de l'éducation aux médias.
Tournant vers le web, alliances régionales et économies
Âgée de 58 ans et première présidente reconduite en 2020, Delphine Ernotte affirmait lors de son audition vouloir "faire pivoter" France TV vers le numérique en recentrant le groupe autour de la plateforme France.tv, jugeant que les programmes encore trop pensés pour le linéaire, alors que les usages ont profondément évolué. De plus, elle plaidait pour "un nouveau contrat pour l'information", avec une relance de la chaîne France info, des alliances avec la presse quotidienne régionale pour un ancrage renforcé dans les territoires et une meilleure représentation des catégories populaires. Elle affirmait enfin vouloir réorganiser la stratégie de distribution et refondre l'offre politique, notamment en vue de la présidentielle, tout en réalisant des économies ciblées pour faire face aux contraintes budgétaires.
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Future présidente de la holding ?
Mais le sujet le plus brûlant est évidemment sa défense du projet de holding de l'audiovisuel public, portée par la ministre de la Culture Rachida Dati. Cette entité regrouperait France Télévisions, Radio France, l'INA et France Médias Monde. La présidente y voit une protection contre toute volonté de privatisation. Si la réforme aboutissait, elle pourrait en briguer la présidence, et son mandat prendrait de fait fin. Le projet doit revenir devant le Parlement en juin.
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